Samedi 19 mars 2022 : mon petit appart’ niçois est vide. Les meubles ? Bazardés chez Emmaüs. Mes affaires ? L’inutile est parti dans les poubelles de l’Histoire (et de Nice), l’essentiel est emballé dans des caisses en plastique et des sacs. Ma décision était prise, adieu la Côte, les palmiers et tout ça.
Je m’en vais, je laisse tout, mon boulot (de toute façon, la grande distrib’), mon appart’ (tout miteux et humide), mes racines (encore que, j’étais déjà un immigré à Nice) … mais aussi mes gamins. Pas facile au début de leur expliquer ce qu’il se passait, et à quel point c’était nécessaire pour moi. Et puis, c’est promis, on se voit dans 3 semaines pour les vacances, vos billets d’avion sont déjà réservés.
Mon frangin m’accompagne, on a chargé la voiture, mis le plein, et le périple commence. 1300 kilomètres à travers la France, en remontant la Méditerranée puis la Côte Atlantique. Nîmes, Montpellier, Narbonne, Toulouse, Bordeaux, Niort, Nantes… la carte de France défile sur le GPS. On discute, on rigole, mais je sens comme une vague qui monte. Et si je me plantais complètement ? C’est un peu tard pour y penser…
Il est près de 20h, ça fait 13h qu’on roule. 13 h à huis clos avec mon frangin au volant, et mes affaires dans le coffre. On arrive dans les derniers virages, je reconnais la route, je suis déjà venu. Ça fait sept semaines que j’attends de revenir. J’avais des trucs à finir, ma formation en particulier. J’ai tout bouclé, proprement. Et là, j’arrive vers une nouvelle vie, à deux.
Un dernier message « on est là dans 5 minutes », puis enfin on se gare, le ron-ron du moteur s’arrête. Je descends de voiture, je tombe dans ses bras. Ce soir, et tous les autres soirs, on dort ensemble, dans les bras l’un de l’autre… et cette fois-ci, c’est promis, je ne repars pas.